« à la rencontre de ses mémoires et lignées familiales »

Explorer l’histoire familiale 

Les morts ont été vivants

Nous connaissons tous par bribes nos « histoires de famille ». Parfois nous les avons même entendues si souvent que nous n’y prêtons plus vraiment attention, ce sont presque comme des légendes. Souvent ces histoires sont teintées d’une forme de mystère : « il avait un frère mais il est parti et on ne l’a plus jamais revu », « elle n’aimait pas trop parler de cette partie de la famille », « lui on l’appelait ‘tête dure’ mais je n’ai jamais su pourquoi », « ah tu sais ce qu’on dit dans la famille ‘ça a coulé, ça coule toujours’ ».

Derrière tous ces mythes, en réalité, il y a eu des vies, des chagrins, des colères, des hontes, des angoisses. Il y a eu des personnes qui comme nous chaque matin se levaient, travaillaient, entraient en relation, des personnes qui tombaient amoureuses, enceintes, malades.

Explorer son histoire familiale, c’est repartir à la découverte intime de ces personnes, faire un pas vers elle, se rapprocher d’elles.

Ainsi, ce ne sont plus de vagues ancêtres, ces histoires qu’on a entendues X fois (ou jamais), ni même ces « poids » invisibles, elles redeviennent pour nous ce qu’elles ont été, des personnes à part entière, dont les vies ne sont pas si lointaines.

Entreprendre une démarche de recherches généalogiques, c’est donc d’abord redonner vie à des personnes qui étaient totalement absentes ou bien au contraire, qui étaient devenues des mythes malgré elles, dans notre imaginaire familial.

En nous, les mémoires vivent encore

En allant à la rencontre de son arbre, on part en réalité à la rencontre de soi. Grâce aux progrès récents des recherches en épigénétique, on a de plus en plus de preuves scientifiques pour mettre à jour la transmission du vécu émotionnel, en particulier traumatique de générations en générations. Et au-delà des recherches scientifiques, cette connaissance des schémas familiaux est souvent en partie connue et transmise à travers les croyances, les synchronicités de dates et de prénoms, les évènements qui se répètent.

En nous, continue ainsi à vivre, tout ce qui a été vécu mais qui n’a pas été digéré, intégré, pleinement reconnu et raconté par les générations nous précédant. Parfois ces mémoires sont si vives qu’elles créent pour nous des comportements, des sensations physiques, des émotions récurrentes, et in fine des évènements, qui se répètent inlassablement. En portant notre intérêt sur le vécu de ces personnes, en pensant à elles, en mettant des mots et des compréhensions sur ce qui a été ressenti, c’est à l’intérieur de nous-mêmes que nous venons ainsi mettre en lumière des modes de fonctionnement.

Se remettre en lien avec ses mémoires

Quelle intention pour aller à la rencontre de nos mémoires ?

Lorsqu’on choisit d’entreprendre des recherches généalogiques, cela peut être lié à une difficulté présente, un schéma répétitif que l’on a identifié, une démarche thérapeutique. Dans cette dynamique, l’intention posée peut être celle de « se libérer » ou encore de « nettoyer » certaines mémoires qui nous semblent nous entraver. Bien que ce ressenti soit parfaitement légitime et qu’il a besoin d’être accueilli, c’est dans une toute autre démarche qu’il me semble juste de s’engager.

Il s’agirait plutôt d’intégrer, d’accueillir ces mémoires à l’intérieur de nous. Pour arrêter de se définir en fonction d’elles, de confondre une partie de notre identité avec elles et ainsi, en effet, d’y être dans une certaine mesure soumis.e.s, il nous faut commencer par pleinement les reconnaître, leur faire une place.

Ces personnes ont été vivantes, elles ont ressenti si fort tout ce dont il nous reste aujourd’hui une trace. Ce qui reste d’elles est là pour nous permettre de leur offrir aujourd’hui ce qu’elles n’ont peut-être pas eu alors : de l’écoute, de l’empathie, de l’amour.

Il nous appartient d’opérer cette reconnexion, cette mise en lien intérieure, de coeur à coeur, entre nos mémoires et nous. A partir de cette re-rencontre, beaucoup d’autres liens vont se tisser à nouveau ou différemment, avec nos parents, nos enfants, notre partenaire. C’est notre façon toute entière d’entrer en lien qui se régénère et s’apaise. 

Quoi faire ?

  • Recherches généalogiques (reconstitution d’une ou plusieurs « branches » à l’aide de sites de recherches généalogiques et de consultation des archives numérisées, identification des schémas répétitifs et évènements traumatiques familiaux.)
  • Travail psycho-généalogique : identification des mémoires actives, mise en lien des schémas familiaux avec les croyances développées et évènements rencontrés par la personne.
  • Rituels et mise en récit de son histoire familiale : poser des actes symboliques, pratiquer certains rituels pour honorer ses ancêtres, (se) raconter son histoire familiale et mettre en récit sa propre vie au regard de cette trame représentent une démarche libératrice et créatrice qui permet d’encrer / ancrer tout ce que les recherches généalogiques ont contribué à « réveiller ».